poisoned youth + aster

T'es née dans une minuscule ville, au fin fond de l'Angleterre. T'étais voulue, désirée, aimée par tes parents. Tes parents ils ont changé de vie pour toi, pour ton bonheur. C'était ce que l'on appelle des bohémiens, des "gitans". Maman l'a été toute sa vie, et papa est tombée amoureux d'elle et a décidé de la suivre, de passer sa vie à voyager. Mais voilà, vivre dans une caravane avec un bébé c'est pas le mieux. Alors ils se sont installés dans un petit village nommé Overton, dans une maison en briques rouges ressemblant à toutes les autres. Ils ont décidé de te prénommer Aster, comme ces fleurs en formes d'étoiles qui poussent au fond du jardin, à l'orée des bois. T'as grandi là-bas, au milieu des 4 935 habitants, et tu n'as jamais été ailleurs. Tes parents, peintres légèrement hippie, ont pas mal galéré. Ils ont dû cumuler les boulots pour que vous puissiez vivre correctement, mais vous n'avez jamais roulé sur l'or. Toi, tu te contentais de vivre ta vie, de travailler à l'école, même si t'as toujours été meilleure en arts plastiques et en musique qu'en maths et en anglais. De toute façon t'as toujours su que ça ne te servirait à rien tout ça. Toi t'as toujours voulu devenir danseuse. T'as toujours rêvé de la scène et des applaudissements. Mais quand on vit à Overton, on ne réalise pas souvent ses rêves, et on devient bien souvent comme ses parents. On se marie avec un habitant de la ville aussi, du moins c'est ce que t'as toujours pensé. T'as cru que tu passerais ta vie aux côtés de Soren, ton premier petit copain, le deuxième membre de votre clan de quatre. Quatre amis, deux filles et deux garçons. Vous avez fait les quatre cent coups ensemble, comme des frères et sœurs. T'aurais pu passer ta vie avec eux, à fumer des joints dans les champs de maïs des parents de Soren, à faire le mur pour passer la nuit dans le seul bar de la ville. Mais non, t'as décidé que ta vie ne se résumerait pas à ça. Tu ne finira pas ta vie dans cette ville, tu ne finira pas caissière à la supérette du coin ou secrétaire de mairie. Alors t'as postulé dans des universités un peu partout dans le monde. Sauf que t'avais pas vraiment un dossier super, et surtout, t'avais pas les moyens de partir. T'es restée un an de plus à Overton, t'as bossé dans l'atelier de tes parents, t'as rendu services à des habitants en échange d'un peu d'argent. Et t'as finalement eu assez pour partir. Tu voulais aller aux Etats-Unis parce que c'est là-bas qu'il y a les meilleures universités avec les meilleurs programmes de danse. T'avais pas assez pour aller à New-York ou à Los-Angeles, alors t'as été en Louisiane.
La Louisiane, Bâton Rouge. Quand t'es arrivé t'avais l'impression de réaliser ton rêve. Le rêve américain, le rêve de liberté. Mais tu as vite déchanté. L'université et la danse c'est bien, mais ça n'aide pas à vivre. T'as tenu trois mois sans devoir travailler, et puis en décembre t'as faillit te retrouver à la rue parce que tu n'avais pas de quoi payer ton loyer. T'as dû trouver un boulot, te faire engager en tant que serveuse dans un bar dans lequel tu n'aurais jamais mis les pieds si tu n'en étais pas obligée. mais au moins, ça te permets de mieux t'en sortir. Tout n'est pas noir. Il y a des choses géniales dans ta nouvelle vie américaine. La danse. Tu ne l'as jamais autant aimé. Six heures par jour. Six heures au paradis. T'as d'excellents professeurs, des chorégraphes talentueux, tu fréquentes des danseurs tout aussi talentueux. Comme Monroe Hamilton. Ce mec et son style qui te fait rêver. Mais tu dois rester focalisée, Aster, sinon le rêve va s'achever et tu devras retourner à Overton.